LES ARTEFACTS | 2072 | notes

C'est le mot qui est sur toutes les lèvres depuis le début de l'année 2072 : artefact. Un nombre croissant de gens ont commencé à mettre en oeuvre des moyens financiers et opérationnels pour localiser et récupérer des objets anciens possédant des caractéristiques magiques. De tels objets tendraient à prouver que la magie a pu exister à des époques historiques. La recherche de ce type d'objets était jusque là surtout l'apanage d'organisations comme l'Atlantean Foundation, l'Apep Consortium ou la Draco Foundation. Ils ne sont désormais plus les seuls.
La corporation Aztechnology, qui figure parmi les principaux prestataires de services magiques dans le monde, s'intéresse aussi aux artefacts. Les services de renseignement de l'Aztechnology Corporate Security et de la filiale française Dassault se concentrent particulièrement sur trois objets, sur lesquelles j'ai essayé de rassembler quelques informations.


carte de Piri Reis
carte de Piri Reis - photo prise par l'Université de Bilkent

LA CARTE DE PIRI REIS
Il s'agit d'un fragment de peau de gazelle de 90 centimètres par 65, sur laquelle est inscrite une carte, datée du XVIe siècle. La partie encore intacte représente la Bretagne, l'Espagne, l'Afrique de l'ouest, le Brésil, et une côte dont la position et le tracé correspondent à l'Antarctique.
La carte est attribuée à l'amiral ottoman Piri Ibn Haji Mehmed, dit Piri Reis ("capitaine Piri"), qui l'aurait réalisé en 1513. D'après les annotations portées sur la carte, Piri Reis se serait basé sur vingt autres cartes, parmi lesquelles huit cartes ptoléméenne, une carte arabe, quatre cartes portugaises et une carte de Christophe Colomb.
La carte de Piri Reis a été découverte en 1929 lors d'un inventaire du palais de Topkapi à Istanbul. Elle a été conservé au palais ensuite, et n'a que rarement été exposée au public. La localisation de la carte n'a pas pu être confirmée. Elle aurait été déplacé en 2035, peu de temps avant ou après le déploiement des forces alliées européennes à Istanbul. Il est probable que la carte soit réapparu sur le marché noir, où elle a déjà pu changer de main plusieurs fois.

> Je veux bien admettre que l'Homme a pu pratiquer la magie dans des temps anciens, mais le XVIe siècle est une période plutôt bien documentée, non ? Et l'état de la peau, la datation au carbone-14 ne laissent pas beaucoup de doute sur l'âge de cet objet.

> Il y a six cartes que Piri Reis a utilisé et dont on ne sait rien. Peut-être que la façon dont il a copié une carte plus ancienne a pu transmettre ses qualités magiques.
> I.mage


Disque de Phaistos, face A et B
photo PRA (Creative Commons)

LE DISQUE DE PHAISTOS
Ce disque d'argile fait environ 16 centimètres de diamètre et 1,2 centimètre d'épaisseur. Il est gravé sur ses deux faces de 241 symboles issu d'un "alphabet" de 45 symboles différents. Le disque est nommé d'après l'ancienne ville de Phaistos, en Crète, où il a été trouvé lors de fouilles archéologiques en 1908. Le disque était exposé au musée archéologique d'Héraklion, jusqu'à son vol en août 2070.
Les symboles qui se répètent le sont à l'identique, grâce à l'impression dans l'argile de pièces gravées. Ils ne correspondent à aucun système d'écriture connu, mais présentent des similitudes avec les écritures linéaires minoennes et certains symboles gravés sur la Hache d'Arkalochori (également exposé au musée d'Héraklion).
Le disque ne comporte aucun élément biologique qui aurait permis une datation radioactive. Le site où il a été trouvé et les similitudes des symboles permettent de le dater du 2e millénaire avant Jésus-Christ, sans plus de précisions.
En 1992, un fragment d'un disque similaire à celui de Phaistos aurait été trouvé dans une maison à Vladikavkaz, dans la république russe d'Ossétie du Nord-Alanie. Ce fragment est gravé de symboles -manuellement- sur une seule face, et la courbure du bord du fragment suggère un diamètre de seulement 10 centimètres. Deux symboles, ainsi que l'organisation des symboles, en spirale et en séparant chaque "mot" par des lignes, sont identiques. L'authenticité du fragment n'a jamais pu être confirmée, son étude étant devenu impossible après sa disparition en 2001, en dehors des quelques photographies existantes.

> Contrairement à ce que la majorité des gens imaginent, les échanges entre les peuples ont existé à des époques très anciennes, parfois sur de très longues distances. Même si la majorité des cas, le commerce portait sur les matières-premières, et non pas sur des objets manufacturés. Il est tout à fait possible qu'un objet ait pu voyager de la Crète au Caucase même à une époque aussi ancienne.
> Prof

> Le disque de Vladikavkaz a pu être apporté à une période beaucoup plus récente. Vladikavkaz a la particularité d'être le point le plus à l'est atteint par l'armée allemande pendant la 2e Guerre Mondiale.

> Et tu suggères quoi ? Que la 13e Panzerdivision avançait en file indienne derrière un soldat qui portait le disque à bout de bras au dessus de sa tête, jusqu'à ce qu'il casse ?

> D'après son testament, Dunkelzahn avait une antre dans le Caucase. Peut-être que le disque de Vladikavkaz venait de là ?


sphère armilliaire
Encyclopedia Britannica, 1771

LE SEXTANT DES MONDES
Cet objet est bien moins documenté que les deux précédents. Son existence était méconnue jusqu'à la mort du grand dragon Dunkelzahn en 2057. Dans son testament, il léguait le "Sacristain des Mondes" (Sexton of Worlds en anglais) à la corporation Aztechnology, à la condition que la corporation et le gouvernement aztlan interdisent l'utilisation de la magie du sang dans l'année qui suit. L'origine de cet artefact et de son nom reste mystérieuse, mais il semble qu'il ait été rapporté en Europe lors de la Première Croisade et conservé par le Vatican pendant plusieurs siècles, avant de disparaître à nouveau. A cause de la ressemblance de l'objet avec un astrolabe sphérique, il a été rebaptisé "Sextant des Mondes" par les spécialistes. Aztlan et Aztechnology n'ayant pas rempli les conditions du leg, la Draco Foundation le conserve dans ses réserves.

> Le sextant devait être envoyé à l'institut de recherches magiques Dunkelzahn à Boston pour y être étudié. C'était sans doute l'opportunité qu'attendaient ceux qui l'ont volé.
> Cible

> Dans la liturgie catholique, le sacristain est la personne chargée de préparer les objets utilisés pendant la messe. Si ces quatre objets son sensés être utilisés ensemble, c'est peut être une indication sur son usage.
> Prof


AUTRES ARTEFACTS

Il est difficile d'établir une liste des artefacts qui se trouvent dans les réserves des laboratoires de recherche thaumaturgique, les collections privées et sur le marché noir. Leur existence est connue depuis au moins une vingtaine d'années, mais très peu d'informations ont fait l'objet d'une publication. Il n'y a eu aucune étude large sur ces objets, et surtout sur ce qu'ils peuvent nous apprendre de la présence de la magie dans l'Histoire.
En demandant que son testament soit rendu public, le grand dragon Dunkelzahn a révélé une partie des objets en sa possession. Un certain nombre sont des objets uniques. Il s'agit en apparence d'oeuvres d'art, de pièces archéologiques à l'intérêt purement historique, ou d'objets personnnels, mais on peut imaginer qu'un certain nombre soient des artefacts dotés de propriétés magiques. Le Sextant des Mondes fait parti de ceux-là. Il est probable que la Draco Foundation ai procédé à des vérifications à chaque fois que c'était possible. La plupart de ces objets ont été remis conformément aux termes du testament. Plusieurs ont changé de mains au cours des quinze années qui se sont écoulées depuis. Quelques uns ont retenu mon attention, et constituent selon moi les candidats les plus vraisemblables.

- La Bannière du Dragon Rouge, léguée au grand dragon Rhonabwy. Il s'agit vraisemblablement d'un ancien étendard du pays de galles.
- La dague Dent-de-dragon, léguée à Carla Brooks, reponsable de la sécurité de Dunkelzahn.
- Le Dragon de Jade du Vent et du Feu, léguée à Wu Lung-wei, patron de la corporation Wuxing. Contrairement à ce que son nom laisserait penser, cette sculpture en jade - environ 25 kilogrammes - ne représente pas un dragon mais trois carpes. Elle est exposée dans une salle de réception du siège de Wuxing à Hong Kong.
- Le Joyau de la Mémoire, légué au grand dragon Lofwyr. Les services de Saeder-Krupp ont assuré son transport vers l'Allemagne dans les heures qui ont suivi la lecture du testament.
- Le Linceul des ombres, légué au grand dragon Aden.
- Les Pièces de la Chance, au nombre de quatre d'après la légende. Dunkelzahn en a légué deux par son testament, la seconde au grand dragon Lung, la troisième à Sharon Chiang-wu, l'épouse de Wu Lung-wei. La première pièce aurait été également en possession de Dunkelzahn, et aurait été légué à un habitant de Hong Kong en vertu d'une section non divulguée du testament.
- La Tapisserie du Destin, léguée au gouvernement des UCAS. Pendant le mandat du président Kyle Haeffner, cette tapisserie a été installé dans la salle de presse de la Maison Blanche.
- Le Torque de Rhiannon, légué au haut prince de Tir Tairngire, Lugh Surehand. Le nom de Rhiannon fait référence à la mythologie galloise, mais aucun torque ou collier n'apparaît dans les légendes qui y sont associées.