Le traité de Denver, signé en 2018, a été la deuxième étape de l'éclatement de l'Amérique du nord (après l'indépendance du Québec, dès 2010). Les Etats-Unis et le Canada abandonnaient le contrôle du nord et d'une partie de l'ouest au mouvement souverain amérindien. En l'espace de trois décennies, le continent passera de trois à quinze pays.
Israël lance en 2004 une opérations militaire de haute intensité contre les groupes armés palestiniens. Parmi les états arabes qui exigent l'arrêt de l'offensive, la Libye va menacer Israël d'une riposte et mettre cette menace à exécution. Le 10 septembre, plusieurs missiles balistiques équipés de têtes chimiques sont tirés depuis l'est de la Libye vers le territoire israélien. A cause de leur portée et leur précision limitées, la plupart tombent dans le désert du Negev. L'un d'entre eux touche la ville de Beer-Sheva, et, ironiquement, un autre touche la ville palestinienne de Ramallah. Israël riposte immédiatement par le tir de plusieurs missiles nucléaires sur la moitié des villes libyennes, en causant plusieurs centaines de milliers de mort.
Après cet événement, l'hostilité des pays du monde musulman envers Israël et les Etats-Unis d'Amérique va atteindre un niveau sans précédent. Dans cette situation, les américains comprennent que leurs approvisionnements énergétiques au Moyen-Orient sont menacés. Le nouveau président des Etats-Unis, Phillip Bester, élu deux mois plus tard, fait de l'indépendance énergétique du pays sa priorité. Le gouvernement et le congrès vont lever presque toutes les restrictions qui pesaient sur l'exploitation des hydrocarbures et des ressources minières sur le territoire américain. Celles qui restent sont contournées grâce aux possibilités juridiques ouvertes par l'introduction de lextraterritorialité corporatiste.
Les corporations reçoivent ainsi les autorisations pour prospecter et exploiter les ressources naturelles présentes dans le sous-sol des parcs naturels et des réserves tribales indiennes. Les groupes écologistes restent décrédibilisés par la tentative d'attentat de Terrafirst contre une centrale nucléaire en 2001, et font pour certains toujours l'objet d'une surveillance étroite par les agences fédérales. Ce sont donc les tribus amérindiennes qui vont prendre la tête de la contestation. Elles sont rejointes par de nombreux sympathisants qui établissent des campements géants dans plusieurs réserves. Les affrontements plus ou moins violents entre les manifestants d'un coté, et les travailleurs, les services de sécurité et les forces de l'ordre de l'autre, deviennent de plus en plus fréquentes. C'est à cette époque qu'est crée le mouvement souverain amérindien (Sovereign American Indian Movement, ou SAIM). Au Mexique, il inspirera ce qui deviendra le parti national Azatlan dans les années qui suivent.
En 2009, Jesse Garrety succède à Bester à la Maison Blanche en promettant de poursuivre sur la voie de l'indépendance énergétique et de mettre un terme aux troubles de l'ordre public. Les arrestations vont se multiplier. Plus de manifestants sont arrétés dans les premiers mois de son mandat que pendant la totalité de celui de son prédécesseur.
Le 18 septembre 2009, plusieurs soldats des forces spéciales d'origine amérindienne, issus de différentes unités, prennent le contrôle d'un silo de missile nucléaire à Shiloh dans le Montana. Un communiqué diffusé par les médias menace de tirer un missile nucléaire sur une cible non précisée, et réclame l'arrêt de l'exploitation des ressources dans les réserves indiennes, en particulier l'annulation des droits de forage accordés à la corporation United Oil Industries quatre mois plus tôt. Après dix jours de négociation, l'unité "Scalpel" de l'US Army donne l'assaut. Tous les membres du commando amérindien sont tués, mais un missile est tiré en direction de sa cible préprogrammé, Smolensk, en Russie. Finalement, aucune des têtes du missile n'atteindra sa cible, sans qu'on sache si les russes, informés en urgence, ont pu faire usage de leurs défenses balistiques.
C'est en tout cas la version officielle de la prise d'otages de Shiloh. L'intention du commando de réellement procéder au tir d'un missile a souvent été remise en cause. Nombreux sont ceux qui soulignent que le tir d'un missile nécessite de toute façon des codes de sécurité secrets. Certains remarquent également le communiqué écrit diffusé par les médias n'a jamais été authentifié, et que les biographies des différents membres du commando n'ont jamais expliqué comment ils s'étaient rencontrés. Dans les semaines qui suivent, les services de renseignement vont eux-même suggérer par des fuites dans les médias une autre version de l'histoire, où les terroristes auraient en réalité chercher à voler une ou plusieurs ogives nucléaires et les transporter dans une grande ville américaine, ou les vendre sur le marché noir. Le gouvernement va mettre en cause un vaste réseau de complicité et de financement qui implique toutes les institutions tribales du pays, avec des relais au Canada et au Mexique, et dont le coeur est le SAIM. Ces révélations vont motiver plusieurs émeutes qui prennent pour cible les amérindiens.
Le 19 octobre, le président Garrety signe le Re-education and Relocation Act passé par le congrès. Cette loi vise à faire quitter les réserves indiennes à toutes les personnes en lien avec le SAIM et les placer en détention temporaire. Les autorités vont appliquer cette loi de façon extrêmement large, en arrêtant non seulement les membres du SAIM, mais tous les individus qui ont partipé d'une façon ou d'une autre à la contestation politique, notamment les activistes écologistes faits "membres honoraires" des tribus qui s'étaient établis dans les réserves. Les responsables administratifs des réserves ou les enseignants sont aussi arrêtés. Le gouvernement canadien, qui faisait lui face depuis la fin des années 1990 à des incidents violents impliquant certaines tribus, passe le Nepean Act dans les jours qui suivent pour procéder également à une vague d'arrestations. La répression met en apparence un coup d'arrêt à la contestation. Mais elle va rapidement déplacer le débat sur les limites du pouvoir exécutif dans la lutte antiterroriste, bien au delà des seuls écologistes et des amérindiens. La communauté mormone en particulier va se mobiliser pour la défense des droits des indiens.
Le 24 décembre 2011, le jour de l'Eveil, où le grand dragon Ryumyo est apparu au Japon, Daniel Coleman s'évade du camp d'internement d'Abilene au Texas, avec tous les détenus du camp. L'utilisation par Coleman de la magie pour ouvrir le portail et arrêter les tirs de gardes est restée dans l'Histoire comme le premier usage de la magie par un être humain. Le groupe dirigé par Coleman sera à la base de la nouvelle branche militaire du SAIM. Dans les semaines qui suivirent, des évasions de masse eurent lieu dans tous les camps d'internement ; les membres du SAIM détenus dans des prisons furent également presque tous libérés. Les autorités commençaient alors seulement à rassembler des informations sur les capacités magiques qui avaient été employées. Les cas d'usage de la magie étaient de plus en plus nombreux dans le monde, mais les chamans du SAIM ont diposé dès le départ de capacités bien supérieures à ce qui pouvait être observé ailleurs.
La cavale des membres du SAIM va durer deux ans et demi. Le 10 juin 2014, Daniel Coleman, qui se fait désormais appelé Coyote Hurlant, diffuse un communiqué où il annonce la création du conseil tribal souverain et exige le départ de toutes les personnes d'origine européenne, africaine ou asiatique d'Amérique du nord. Cette revendication marque un durcissement par rapport à celle poussé par le SAIM avant 2011, ou même par le commando de Shiloh. Cette position restera en fait largement minoritaire au sein du SAIM, bien que le rôle de Daniel Coleman comme chef du mouvement ne sera pas pour autant remise en cause. Si la menace terroriste est prise au sérieux, la demande de Coleman n'est évidemment pas suivie d'effet. Quelques jours plus tard, Redondo Peak au Nouveau-Mexique entre en éruption, ensevelissant Los Alamos sous les cendres. Coleman diffuse un nouveau communiqué depuis les terres de la tribu Zuni dans la région. Il déclare avoir déclenché l'éruption grâce au pouvoir de la danse fantôme. C'est le signal de départ d'une guerre insurectionnelle menée sur le territoire américain et canadien par la branche armée du SAIM. Le 6th Air Cavalry Battalion, basé à Fort Hood au Texas, décolle immédiatement pour intercepter Coleman. Une violente tempête apparaît sur la route des hélicoptères et les fait s'écraser. Le temps qu'une deuxième unité soit envoyée, Coleman a disparu.
La priorité de toutes les agences fédérales et des forces armées sera désormais la neutralisation des membres du SAIM, sur le territoire américain et à l'étranger. Elles vont largement faire appel à des sociétés privées pour les appuyer ou conduire certaines opérations. Ce sont notamment elles qui gèrent les "centres de détention et d'acquisition de renseignement," qui sont placés sous le régime extraterritorial grâce à une loi passée par le Congrès. Les quelques sociétés qui disposent de magiciens formés et compétents jouent aussi un rôle clef. La supériorité magique reste cependant largement du coté du SAIM. Les insurgés utilisent la magie non seulement comme une arme, mais aussi pour l'espionnage et le contre-espionnage : les première tentatives d'infiltrer des agents au sein du SAIM sont détecté presque immédiatement par les Truth Dancers du mouvement. Les pertes subies dans les affrontements classique incitent le gouvernement américain a viser les réseaux de commandement et de soutien logistique. Les agent fédéraux et les militaires procédent de façon systématique à des fouilles de véhicules et de maison. Le président autorise également des assassinats ciblés. Ils sont le plus souvent menés grâce à des drones, seul moyen capable d'atteindre et d'intervenir avant que les chamans du SAIM ait pu détecter la menace ou la fuir.
Malgré des succès évidents, les ratissages et les assassinats manquent souvent leurs cibles. Les services américains dépendent largement des renseignement obtenus par les sociétés privées. Celles-ci enjolivent souvent leurs dossiers pour justifier le montant de leurs contrats. A plusieurs reprises, elles vont même faire ajouter sur la liste des cibles des individus sans aucun lien avec le SAIM, mais issus des groupes écologistes radicaux hostiles aux corporations.
En 2015, le parti de l'Azatlan remporte les élections au Mexique. La ligne idéologique de ce parti repose largement sur la préservation de l'héritage culturel amérindien au Mexique et sur le reste du continent. Le soutient apporté par Mexico au SAIM provoque la fureur de Washington. Malgré le renforcement des patrouilles à la frontière, le SAIM va pouvoir installer ses bases-arrières sur le territoire mexicain. Dans le même temps, la guérilla s'organise. Le SAIM crée huit "conseils de guerre" qui jouent le rôle de commandement régionaux. Chaque conseil dirige les opérations dans sa zone respective, malgré les rivalités qui existent entre tribus voisines et les jalousies crées par le poids plus ou moins importants de certaines au sein des conseils de guerre. En plus du soutien accru de la communauté mormone, des milices anti-gouvernementales d'extrême-droite mènent désormais des attaques contre les agences et les forces fédérales, dont certains sont coordonnées avec les conseils de guerre.
Le SAIM remporte deux victoire majeures dans l'état de Washington. Des membres des tribus Salish, Makah et Haida menés par Thunder Tyee s'emparent de la base de sous-marins de Bangor. Le commandant de l'USS Wichita, à quai au moment de l'attaque, saborde son batîment et le coule dans le Puget Sound. Deux mois plus tard, Thunder Tyee mène une nouvelle attaque sur le chantier naval de Bremerton, à vingt kilomètres de là. Ses guerriers contrôlent toutes les routes dans la région et bloquent tous les mouvements de l'armée américaine.
En pleine période électorale de 2016, la contestation monte de toute part. Dans les états du centre, où se concentrent la majorité des opérations, l'électorat penche de plus en plus en faveur des candidats se prononçant ouvertement pour le démantèlement de l'état fédéral et l'indépendance. Le gouvernement réagit par des mesures exceptionnelles pour repousser la tenue des élections, "en raison de la situation sécuritaire dégradée". A Washington, la crainte d'avoir une ou plusieurs législatures d'état contrôlées par des indépendantistes est réelle.
Le vice-président William Jarman fait campagne en critiquant la politique "inhumaine" menée par le président Garrety et son administration (à laquelle il appartenait depuis quatre ans). Le 15 octobre, à quelques semaines de l'élection, le président Garrety est assassiné. Son meurtrier est identifié comme étant William Springer, qui ne sera jamais retrouvé (deux semaines plus tard, le 31 octobre, le président russe Nikolai Chelenko et les premiers ministres britanniques et israélien Lena Rodale et Chaim Schon sont assassinés le même jour ; les personnes identifiés comme leurs assassins seront toutes les trois abattus lors de tentatives d'arrestation). Jarman est investi dans les heures qui suivent. Le 11 novembre, il remporte l'élection. Reconnaissant l'opposition croissante que rencontre le gouvernement fédéral, Jarman appelle à mettre fin à la répression contre les mouvements politiques, pour se concentrer sur ce qu'il appelle le "véritable ennemi" : dès que les résultats définitifs confirment sa victoire, il signe le Resolution Act, qui ouvre la voie à l'extermination de toutes les tribus amérindiennes. Le texte est voté en urgence par le congrès dès le mois de décembre, et donc par les élus dont le mandat se termine(entraînant bien quelques protestations qui seront ignorées).
Le 12 décembre, un bataillon du 75 Ranger Regiment de l'US Army attaque un refuge de la tribu Kiowa. Plus d'un millier de non-combattants sont tués, principalement par le barrage d'artillerie effectué avant l'assaut. Les renseignements auraient indiqué la présence seulement de combattants indiens, dont plusieurs magiciens, justifiant de pilonner l'objectif avant toute approche. D'après une enquête menée après le massacre, les renseignements en cause provenait d'une source au sein de la tribu Cheyenne, traditionnellement hostile aux Kiowas. Cette attaque est considérée soit comme une erreur de plus commise par les forces armées, une manipulation des Cheyenne pour éliminer leurs rivaux au sein du SAIM, une première démonstration de forces après la ratification du Resolution Act en visant délibérément des civils, ou même un plan décidé par les instances dirigeantes du SAIM pour servir de symboles et s'assurer de la cohésion du mouvement à un moment critique.
Le Resolution Act et le massacre de la tribu Kiowa vont inciter Daniel Coleman et le SAIM à entamer le rituel de la danse fantôme. Au début de l'année 2017, des groupes de chamans se réunissent à travers le pays pour commencer le rituel. Il sera conduit de façon ininterrompue pendant plusieurs mois. Les chamans vont jusqu'à l'épuisement, et ne se déplacent que lorsque les fédéraux ou les militaires sont trop près, de telle façon que toujours au moins plusieurs cercles de chamans soient actifs à un instant donné. Dans l'état de Washington, le chef Thunder Tyee reçoit ainsi l'ordre de retarder son attaque sur la base de McChord pour donner la priorité à la protection des chamans. La majorité des attaques insurgées de l'année 2017 seront en réalité menées par les milices. Elles contribueront indirectement au succès du rituel, en concentrant contre elles les opérations des forces armées américaines. D'autant que le nombre de ses opérations est alors volontairement réduit en prévision d'une grande offensive ordonnée par le président. Il est possible que Coleman ait attendu précisément pour cette raison. Les événements météorologiques vont également se multiplier pendant plusieurs mois, désorganisant le transport des troupes et du matériel.
Vers la fin du mois de juillet, la météo semble se stabiliser. Le président fixe au 17 août 2017 à 10:30 le début des opérations. L'information est sensée être secrète, mais elle est probablement connue du SAIM qui n'a cessé de perfectionner son dispositif de renseignement. Le même jour, à 10:32, les monts Hood, Rainier, Saint Helens et Adams au centre de la chaîne des Cascades entrent en éruption au même moment, sans aucun signe avant-coureur. Au même moment, des combattants du SAIM et des milices prennent le contrôle de plusieurs bases militaires dont les unités sont déployées sur le terrain. Ils capturent ainsi plusieurs état-major de force en charge des opérations. Des opérations similaires sont menés contre plusieurs bases au Canada. Malgré le soutien apporté au SAIM par le gouvernement aztlan, des membres de la tribu Hopi qui avaient passé la frontière pour echapper aux forces américaines s’emparèrent de bases militaires en Aztlan.
L'occupation de ces bases sont, comme les éruptions, une démonstration de force. En Aztlan, la situation est dénouée au bout de quelques heures, et les autorités aztlanes laissent les Hopi évacuer en emportant une partie des stocks d'armes. Sur la base aérienne de McChord, près de Seattle, le chef Thunder Tyee coordonne l'évacuation des civils dans la région du mont Rainier, avec l'aide "forcée" d'une partie des militaires qu'ils venaient de capturer. La véritable menace, transmise secrètement par le SAIM au gouvernement américain, est celle de séismes majeurs en Californie et à New York, et d'une éruption du volcan du Yellowstone. Classé dans la catégorie des super-volcans, le Yellowstone aurait pu bouleverser le climat de la planète entière pendant plusieurs décennies.
Les gouvernements américains et canadiens acceptent la tenue d'une conférence internationale à Denver pour négocier. Washington refuse cependant que les milices américaines ou la communauté mormone soient présentes, et veut négocier exclusivement avec les tribus amérindiennes. Cette tentative d'isoler le SAIM de ces alliés ne suffira pas à les mettre en difficulté dans la conduite des négociations, mais aura néanmoins un effet déstabilisateur dont les conséquences seront durables. Les négociations aboutissent l'année suivante au traité de Denver. Les Etats-Unis et le Canada renoncent aux territoires de l'ouest et du nord, exceptées la Californie et la région de Seattle. Sous la pression des tribus Lakota et des milices, le découpage du Dakota du nord, du Dakota du sud, du Nebraska et de l'ouest du Kansas se fera même comté par comté.
La population qui ne souhaite pas rester dans les territoires qui passent sous le contrôle du SAIM devront être déplacées. Le gouvernement américain évoque à l'époque et continue d'évoquer encore aujourd'hui des millions de réfugiés. En réalité, les sondages qui prédisaient la victoire dans les urnes de candidats indépendantistes trois ans plus tôt ne se trompaient pas, et la situation sur le terrain beaucoup plus complexe. Pour ajouter à la confusion, le gouvernement américain s'est empressé de dissoudre les structures administratives existantes. Le SAIM organise un recensement et demande à la population de s'enregistrer auprès des autorités tribales les plus proches. Les médias américains les plus virulents reprendront rapidement le terme de "peau-rose" (pinkskin) pour désigner ces personnes qui vont faire la queue à l'entrée des anciennes réserves indiennes pour effectuer cette démarche. Les chiffres de population tribale qui sont encore utilisés de nos jours correspondent en réalité au recensement de l'époque. Il est dans beaucoup d'endroits plus représentatif de la capacité de chacune des tribus à recevoir et traiter les demandes que de leur taille réelle. Ainsi, les tribus Hopi et Zuni comptabilisent des millions de latino-américains en Arizona et au Nouveau-Mexique, dont un grand nombre d'immigrés clandestins dont la situation est ainsi régularisées. A l'inverse, la communauté mormone n'apparaît pas dans les chiffres "officiels" de de la nation Ute. La correction de ces données démographiques est une entreprise qui reste encore aujourd'hui à faire. Mais le mode de calcul des votes au sein du Conseil Tribal Souverain prenant en compte le nombre d'habitants, les gouvernements éviteront pendant longtemps de se pencher sérieusement sur la question.
Le plan originel du SAIM était de créer une grande nation, ou chaque tribu et chaque municipalité aurait pu mettre en place ces propres lois de façon autonome. Lors de la phase de transition, les huit conseils de guerre auraient pris en charge les questions de sécurité. Mais les dissensions éclatent rapidement au grand jour.
Parmi les tribus, les apaches soutiennent la poursuite de la guerre pour chasser l'homme blanc d'Amérique du nord. Ils proposent de créer une grande nation nord-américaine en fusionnant l'Aztlan avec les territoires nouvellement indépendants, seuls moyens selon eux de rassembler une force militaire suffisamment forte pour gagner définitivement la guerre. Devant le refus des autres tribus de suivre cette voie, ils vont négocier seuls l'annexion de leur territoire par Aztlan.
Plusieurs tribus apaches, qui néanmoins restent méfiantes vis-à-vis d'Aztlan qu'ils ne considèrent pas comme une véritable nation amérindienne, vont quitter la région et rejoindre le conseil de guerre Sioux, qui assume clairement sa volonté de reprendre la guerre. Alors que le SAIM discute encore de la répartition des pouvoirs, le conseil de guerre Sioux a en effet déjà entrepris de restructurer ses forces de guérillas en une armée professionnelle doté de son propre service de renseignement. Les tribus et les communautés de la zone de contrôle du conseil sont prévenues de la mise en place d'une réserve, d'un service militaire obligatoire et d'un impôt "national" pour financer l'armée sioux.
A l'autre bout du continent, les américains et les canadiens organisent en secret des contacts entre le conseil de guerre aléoute et les gouvernement groenlandais et danois. L'objectif pour les corporations nord-américaines est de garder un accès au passage maritime du nord-ouest et aux ressources naturels de l'océan arctique, en mettant en place un gouvernement "amical". De ce point de vue, les membres du gouvernement du Groenland, formés dans les universités danoises, leur paraîssent être un interlocuteur plus fiable que les insurgés du SAIM. La proposition de créer une nation polaire va trouver des oreilles attentives. Les dirigeants du conseil de guerre aléoute, issus des tribus de grand nord, sont en effet opposés au reste du SAIM sur le maintien des zones de contrôle telles qu'elles étaient à la date de cessation des hostilités, qui laisserait les tribus des îles aléoutiennes sous la responsabilité du conseil de guerre athabascan. Ils visent aussi à "libérer" les tribus aléoutiennes de Russie. Le projet d'une nation polaire donne ainsi naissance à la nation trans-polaire aléoutienne : "trans-polaire" pour signifier la volonté de s'étendre au delà du pôle, jusqu'en Russie, et "aléoutienne" pour signifier celle de récupérer le contrôle des îles aléoutiennes au sud. Mais bien que la capitale du nouvel état soit à Inuvik, ce sont bien les élites groenlandaises qui tirent les ficelles.
Malgré les tentatives de Daniel Coleman pour enrayer la transformation des conseils en nations indépendantes, c'est symboliquement le conseil de guerre Ute, dont il était le chef, qui prend à son tour le nom de nation Ute quelques semaines plus tard, officiellement en réaction à la décision du conseil Sioux. Dans les faits, le projet du SAIM d'accorder l'autonomie à chaque communauté, pensé à l’échelle des municipalités, n'est pas adapté à la réalité d'une communauté mormone forte de plusieurs millions d'habitants, majoritaire dans l'Utah, qui possède sa propre autorité et ses lois. Le conseil de guerre craint la création d'un état mormon. Le problème du maintien de l'ordre dans une agglomération aussi peuplé que Las Vegas se pose également. La déclaration de la nation Ute sert donc en réalité à forcer Daniel Coleman et les dirigeants mormons à formaliser l'existence d'un état unique. Face à la puissance de la communauté mormone, mais aussi à cause de la figure de Daniel Coleman, dont l'autorité va, presque malgré lui, au-delà de sa seule tribu, les tribus et les autres communautés de la nation Ute vont progressivement renoncer à l'autonomie en faveur d'un état centralisé.
Les conseils Algonkin, Athabascan et Salish seront les seuls à appliquer le projet initial du SAIM. Le conseil Salish s'installe à Bellingham, la ville la plus proche de son quartier général au moment du cessez-le-feu, plutôt que de rejoindre une ville plus importante. Il étendra ses responsabilités au delà de seul maintien de l'ordre. De nombreuses sociétés qui ont déménagé à Seattle ou en Californie vont poursuivre l'exploitation de ressources naturels dans la zone de contrôle Salish de façon illégale. La lutte contre la contrebande, le pillage et la pollution amener à la création par le conseil des corps des Coast Guards, Border Guards et des Rangers, financés par les tribus mais sous le contrôle du conseil.
Le conseil Tsimshian suit en théorie la même ligne, mais les chefs de la tribu Tsimshian, majoritaire dans la population et au sein du conseil de guerre, vont établir une dictature, en transférant de plus en plus de pouvoirs au conseil, qu'ils contrôlent, au détriment des autres tribus.
Le conseil Pueblo fait quant à lui face à une problématique largement ignorée par les autres conseils avec deux métropoles de plus d'un million d'habitants : Phoenix et Albuquerque (seul le conseil Ute contrôle des agglomérations d'une taille comparable, Las Vegas et Salt Lake City). Pour assurer le maintien de l'ordre, ainsi que l'entretien des infrastructures essentielles - électricité, eau, routes, télécommunications... - tout en évitant de doter le conseil d'une administration lourde, ils décident de confier ces besoins à une corporation "nationale" appartenant aux habitants du conseil.
Le traité final prévoit également un statut particulier pour la ville de Denver. Elle fait partie des grandes agglomérations existantes dans les territoire qui sont cédés par Washington. Cependant, la population du Colorado est largement moins favorable à une sortie des Etats-Unis. Le gouvernement américain veut éviter d'avoir à gérer un afflux supplémentaire de plusieurs centaine de milliers de réfugiés. Les négociateurs du SAIM ne veulent pas faire de nouvelles concessions après avoir accepté la création d'une enclave autour de Seattle, mais aucun des conseils de guerre sioux, ute ou pueblo ne veut prendre en charge la situation et gérer les probables mouvements de contestation. Ce sont finalement les négociateurs aztlans et américains qui vont ébaucher ensemble un accord préliminaire qui prévoit un statut international de la ville de Denver, avec la création de cinq zones de contrôle à la charge des Etats-Unis, de l'Aztlan, du Pueblo, du Sioux et de l'Ute. En coulisses, les intérêts corporatistes espèrent faire de Denver le centre économique de la région, qui maintiendra sa dépendance économique et financière envers les Etats-Unis.
Les états crées par le traité de Denver vont prendre le nom de nations des américains d'origine (NAO). Pour les tribus, il s'agit d'affirmer que ces états sont ceux des tribus amérindiennes, même si la réalité démographique s'éloigne sensiblement de cette image. Cette décision symbolique provoquera la colère de la plupart des mouvements politiques issus des milices anti-gouvernementales. Ils seront de toute façon tenus à l'écart des fonctions politiques nationales par l'administration et les médias. Les groupes prêts à reprendre les armes seront démantelés et interdit par les nouvelles autorités. Ces mouvements gardent cependant un poid politique important à l'échelon locale dans la plupart des NAO. Certains se prévalent même du terme "d'américains d'origine" en se considérant comme les fondateurs d'une nouvelle Amérique.
Le pouvoir politique reste cependant dans les mains des amérindiens nord et sud-américains, des écologistes et de la communauté mormone. L'effort est porté sur la construction d'un nouveau modèle de société traditionaliste, à même de satisfaire leurs aspirations. L'intégration de la magie, portée entre autre par les chamans, vétérans de la guerre, qui ont pris des responsabilités politiques, constituera un accélérateur de cette évolution. Le bouleversement que la magie a été dans le monde entier sera, dans les NAO, sans doute mieux canalisé qu'ailleurs. L'économie bénéficiera de retombées positives, avec l'implantation des corporations désireuses de disposer des compétences rares dans ce domaine. Le conseil Salish mènera ainsi une politique volontariste pour développer sur son territoire le secteur de la recherche biomédicale et la combinaison des moyens magiques et biotechnologiques. Dans l'ensemble, les NAO bénéficient d'ailleurs d'un système de santé de grande qualité. Moins riches que les états canado-américains, américains et de Californie et leurs grands centres urbains, les conditions de vie pour l'ensemble de la population sont largement meilleurs. Cependant, c'est sur le plan politique que se cristalisent encore aujourd'hui les problèmes des NAO.
Les choix de sociétés fait par les NAO vont s'avérer déterminant en 2021 lorsque apparaît le phénomène de gobelinisation. Contrairement à d'autres pays, les autorités sanitaires des NAO établissent rapidement la nature du phénomène, et en premier lieu son caractère non-contagieux, et diffusent ces informations. Ils évitent ainsi les réactions disproportionnés, voire tragiques, qui surviennent ailleurs. Les mesures de quarantaine qui sont prises contre les orks et les trolls aux Etats-Unis évoquent pour beaucoup la politique d'internement des amérindiens. A l'initative des conseils Salish et Algonkins, les NAO, sûrs de l'innocuité du phénomène, ouvrent leur frontière à tous les métahumains qui s'estimeraient victimes ou menacés de discrimination.
Cette politique d'ouverture va non seulement concerner les orks et les trolls mais aussi, dans les années qui suivent, les elfes et les nains. Certains de ces jeunes, nés à partir de 2011, abandonnent leurs familles pour venir vivre dans les communautés qui se forment dans les NAO. Certains de ses groupes, qui traversent les Etats-Unis et les NAO en voitures ou à moto pour rejoindre le conseil Salish, seront à l'origine des gangs comme les Anciens. D'autres elfes et nains immigrant avec leurs parents, certains souhaitant protéger leurs enfants du racisme dont ils étaient victimes, d'autres profitant clairement du statut de leur enfant pour quitter les régions sinistrés économiquement et s'installer dans des NAO dont ils imaginent l'économie florissante.
L'immigration métahumaine va encore plus faire pencher la balance démographique en défaveur des amérindiens. Dans le conseil Salish, principale destination de cette immigration, les tribus existantes veulent éviter de voir leur identité davantage diluées. Etant donné le fonctionnement confédéral du conseil Salish, où chaque tribu garde une relative autonomie, le conseil crée des nouvelles "tribus" d'accueil de ces nouveaux migrants. Les deux plus importantes seront les elfes Sinsearach et les orks des Cascades. Ces tribus se composent à la fois d'immigrés et de membres des tribus et communautés du Salish, qui font malgré tout également face au racisme. Le conseil Salish prend le nom de Salish-Shidhe pour marquer l'entrée de ses eveillées d'origine européenne. L'Algonkin adopte une mesure similaire, avec la création de la tribu Manitou, et prend le nom d'Algonkin-Manitou.
Les membres de la tribu des elfes Sinsearach et leurs familles vont s'installer principalement dans la ville de Portland et alentours. Ils deviennent rapidement majoritaire dans la région. Alors que certaines tribus et communautés se contentaient encore après plus d'une décennie d'existence d'une administration et de services publics basiques, les dirigeants de la tribu Sinsearach mettent en place des groupes de volontaires pour organiser une administration, le fonctionnement et la modernisation des insfrastructure, et des forces de sécurité. Derrière les apparences d'une société jeune, proche de la nature et décomplexé, la stratégie d'auto-gestion des Sinsearach est orchestré par ds dirigeants fortement politisés, où se retrouvent à la fois des elfes nés dans la région et des immigrés.
Le 1er mai 2035, Lugh Surehand, chef de la tribu Sinsearach, annonce la création de la nation elfique de Tir Tairngire, indépendante du conseil Salish-Shidhe. Dans les jours qui suivent, les unités de rangers envoyées par le conseil pour démanteler les barrages routiers sont repoussés après avoir essuyé des pertes importantes par des miliciens équipés d'armes automatiques et d'armes lourdes.
Le gouvernement du conseil Salish-Shidhe envisage alors de lancer une campagne militaire contre ce qu'il appelle les insurgés. Il doit pour celà remobiliser ses forces militaires, et si possible obtenir l'aide des autres NAO pour pouvoir frapper de façon rapide et décisive. Au sein du conseil tribal souverain, deux positions s'affrontent. Il y a d'un coté ceux qui craignent que l'exemple de Tir Tairngire inspire d'autres tribus et communautés des NAO a prendre leur indépendance par les armes. La communauté mormone de la nation Ute est particulièrement visée, mais d'autres crises couvent, en Tsimshian notamment. De l'autre coté, il y a ceux qui veulent éviter que les NAO s'engagent dans une guerre identique à celle qu'ils ont mené contre les Etats-Unis et le Canada. Certains voient déjà dans la situation la main de Washington, accusant les Etats-Unis de soutenir les insurgés de Portland pour destabiliser les NAO et entraîner leur éclatement.
Ce sont finalement les rivalité entre états qui améneront les autres gouvernements à se satisfaire de l'affaiblissement du Salish-Shidhe. Le Sioux et le Pueblo s'accordent en secret, et annoncent le même jour qu'elles reconnaissent l'état de Tir Tairngire. L'Athabascan et l'Ute leur emboitent le pas quelques jours plus tard, puis le reste des NAO.