L'opération Tanto | 15/02/2008 | le dossier

L'opération Tanto est un exemple assez typique du genre de background qui n'a aucune utilité directe pour jouer, mais que j'apprécie pour consolider mes scénarii et le passé des personnages. Les univers de jeu de rôle ne seront jamais aussi complexes et étoffés que le monde réel. Tous les événements s'inscrivent dans un contexte. L'Irangate, dont l'opération Tanto s'inspire, est un des nombreux épisodes des relations entre les USA et l'Iran. Son impact sur les événements actuels est quasiment nul, mais il fait parti d'un ensemble.

L'opération Tanto comme le réseau Monument (mentionné dans le dossier Cascade) sont en fait des "détails" de la biographie de deux personnages, Hugh Werner et André Fergern. Lorsqu'on s'intéresse à des gens qui ont du pouvoir, on finit toujours par trouver quelque chose de suspect (je m'en tiendrais là à l'intrigue des scénarii, sans entrer dans un débat philosophique sur le pouvoir et la corruption). L'évocation d'affaire tout aussi complexe que celle que les joueurs doivent traiter permet de les remettre dans la perspective d'un monde qui ne tourne pas autour d'eux, ou au contraire d'insister sur ce qu'il y a d'exceptionnel dans ce à quoi ils font face.

Une des caractéristiques d'un scénario est ce que j'appellerai, sa "particularité" (il m'arrive aussi parfois de parler de "granularité de l'univers" ou de "ratio événement/univers"). On entend bien que si un héros sauve le monde d'un apocalypse nucléaire, il s'agit d'un événement qui ne se produit pas tous les ans (il faut l'espèrer en tout cas !) et que donc le reste du monde réagira en conséquence à cet événement exceptionnel. Si le héros dévoile une affaire de corruption politique, ca n'est sans doute qu'une parmi tant d'autres qui ne sont pas l'objet du scénario. Il est fréquent, et sans doute naturel, pour un auteur d'augmenter les enjeux en faisant un scénario "particulier" à l'extrème. Si le sujet est important, l'attention du joueur ou spectateur doit s'en trouver d'autant plus facilement capté. Les conspirations millénaires qui visent à contrôler le monde sont bien plus nombreuses dans la fiction que dans la réalité. Le sujet n'en est pas mauvais pour autant, il permet de présenter aux héros un adversaire encore demesuré par sa puissance et sa dimension mondiale et temporelle, suivant le bon vieux principe de David contre Goliath. J'ai mangé de ce pain là pendant des années, à vrai dire. Et puis il y a eu la première saison de Ghost in the Shell : Stand Alone Complex où malgrè l'ampleur des moyens utilisés par les adversaires, et les difficultés pour les héros à progresser, il ne s'agit finallement "que" d'une histoire d'argent. Comme je disais à propos de Tamanous, y a t'il besoin de vampires immortels et de conspirations millénaires quand les vrais monstres peuvent être de simples humains poussés par la cupidité (soit dit en passant, dans la deuxième saison de Stand Alone Complex, les héros doivent empecher une apocalypse nucléaire... enfin, juste sur une ville, mais une apocalypse quand même)

L'opération Tanto a du être remanié pour prendre en compte le supplément Shadows of Asia. L'Indonésie nottament, est découpé en plusieurs états. Le contexte ne correspond au final pas tout à fait, nottament dans l'équilibre régional entre la Malaisie et Java. Néanmoins, les références au pouvoir militaire en place à Jakarta, soutenu par les japonais, les opérations militaires d'un pays à l'autres, l'immission des corporations européennes dans la région à la même époque, qui sont évoqués dans ce supplément, me font me demander si la lecture du dossier sur Onyx n'aurait pas influencé quelque part l'imagination d'un auteur ou deux (hormis moi-même, dont la contribution fut brève et limité). Mais c'est surtout moi qui phantasme sur ma capacité à influer sur l'univers de Shadowrun.